La vision globale
Le débat sur les rythmes scolaires en France existe au moins depuis l’instauration de l’école obligatoire par Jules Ferry en 1882. Il s’agit au départ de concilier temps scolaire, éducation religieuse et participation aux travaux agricoles. Ce n’est que dans la seconde moitié du XXe siècle qu’entrent en jeu des considérations d’ordre économique (années 60) puis pédagogique (années 80). Si les rythmes scolaires ont évolué assez lentement, on note une accélération des réformes ces vingt dernières années.
« La question de l’organisation du temps scolaire à l’école primaire ne cesse de diviser la société française. En dix ans, certains écoliers auront connu jusqu’à trois réformes successives des rythmes scolaires, et ce sans qu’il existe de véritable consensus sur leur impact. »
Les résultats de l’école française
Les classements internationaux font régulièrement apparaître un niveau décevant de l’école française, tant en termes de performances des élèves que de réduction des inégalités sociales. Ainsi, le classement PISA qui évalue le niveau des élèves de 15 ans des pays de l’OCDE plaçait la France en 26e position en sciences et en mathématiques en 2016. Le poids du milieu socio-économique pèserait quant à lui à plus de 20% dans le niveau des élèves français, contre 13% en moyenne dans les pays de l’OCDE.
Les rythmes scolaires français : une exception
Les rythmes scolaires de l’école française sont régulièrement accusés d’être responsables de ses mauvais résultats. En effet, la France fait figure d’exception puisqu’elle possède le nombre de jours d’école le moins élevé des pays de l’OCDE pour un nombre total d’heures plus élevé en moyenne. Ainsi, les élèves français ont des semaines plus courtes mais des journées – et des vacances – plus longues que leurs voisins européens. Mais existe-t-il vraiment une corrélation entre rythmes scolaires et résultats ?
Un impact négatif sur les résultats ?
Pour certains, la semaine de 4 jours serait responsable des mauvais résultats de l’école française en termes de performances des élèves mais aussi de réduction des inégalités sociales. En effet, les enfants apprendraient mieux le matin (comme l’ont montré des travaux de chronobiologistes) et seraient inutilement fatigués par des journées trop longues. Par ailleurs, la semaine de 4 jours pénaliserait les élèves issus de milieux défavorisés, qui se retrouveraient souvent désœuvrés le mercredi.
Des difficultés pour financer la semaine de 4,5 jours
De nombreuses mairies soulignent leurs difficultés à financer la semaine de 4,5 jours, et ce malgré les aides mises à disposition par l’État. Ces difficultés tiennent principalement au coût des activités périscolaires et du transport scolaire dans les communes rurales. Par ailleurs, la semaine de 4,5 jours est particulièrement contraignante pour les enseignants qui voient leur temps de présence réparti sur 5 jours au lieu de 4.
Plus précisément à Pompignac
Le début difficile de cette année 2021 nous a montré avec la crise sanitaire que les mécanismes de réflexions qui ont dirigés la campagne des municipales de mars 2020 ont été bouleversés en profondeur pour certains sujets et en particulier la scolarité.
Quel parent aurait pu imaginer se retrouver à faire l’intérim des professeurs en Mars dernier, ou voir l’enseignement à distance se généraliser. Ou encore voir ses enfants subir des contraintes sanitaires étouffantes à l’école avec le port du masque et la distanciation, et une réduction drastique des activités périscolaire. Autant de faits nouveaux qui ne peuvent que bouleverser les fonctionnements établis et les décisions prises ultérieurement.
Ne pas intégrer ces nouvelles données, ou sans servir seulement comme prétexte à la réduction de la qualité des services municipaux et scolaires est un mauvais calcul. L’école a besoin de toute l’implication des municipalités pour se réinventer au cours de cette crise écologique, économique, sociale et sanitaire. Une crise dont l’origine provient en parti d’un déficit éducationnel à l’environnement.
Pour comprendre cette nouvelle réforme de la semaine de 4 jours il nous faut replonger dans l’histoire scolaire de Pompignac.
En janvier 2013, le ministre de l'éducation nationale Vincent Peillon publie un décret relatif au temps scolaire dans les écoles maternelles et élémentaires. Cette réforme prévoit notamment le retour à la semaine de 4 jours et demi qui avait été supprimée par Xavier Darcos en 2008.
Donc en 2013, lors du précédent mandat, sous l’impulsion de l’état, il avait été mis en place un projet complet pour la vie scolaire qui se voulait être basé principalement sur le bien-être de l’enfant. Il se nommait le PET (projet éducatif territorial) de Pompignac. Le but étant de valoriser l’apprentissage durant les premiers cycles scolaires des enfants, une période cruciale pour la suite de leurs études.
Il est scientifiquement prouvé que les enfants apprennent mieux le matin (comme l’ont montré les travaux des chronobiologistes https://www.vie-publique.fr/eclairage/19335-les-rythmes-scolaires ) et qu’ils sont inutilement fatigués par des journées trop longues. La baisse en France des résultats scolaires est à ce titre largement imputée à une mauvaise organisation des rythmes scolaires en école primaire, ce que la loi de 2013 a cherché à rectifier.
La réforme de 2013 ne se contentait pas de revenir à la semaine de 4,5 jours, elle s’occupait aussi du « temps éducatif » en général, la répartition entre le temps scolaire, le temps périscolaire, le temps d’activités sportives, artistiques et culturelles, le temps familial. Particulièrement pour les communes il s’agissait de mettre en place les TAP (Temps d’Activité Périscolaire), après les cours, permettant l’offre d’activités non scolaires d’éveil et de sensibilisation (sports, culture, arts, communication, secourisme, jardinage, cuisine…). Ces TAP supposent l’intervention de professionnels ou d’associatifs qualifiés. D’une durée de 45 mn après les cours, ils entraînent un financement conjoint de la CAF de l’Etat et de la Commune. Ils se plaçaient en parallèle de l’accueil périscolaire classique, complémentaire, que l’on tâchait à Pompignac de rendre plus utile qu’une garderie.
Le projet était constitué d’une semaine de 4,5 jours du lundi au vendredi avec comme demi-journée le mercredi matin. Les horaires sont articulés de la manière suivante.
La maternelle commençait à 8h45 et finissait à 16h et la primaire commençait à 9h et finissait à 16H15. Une coupure était prévue de 2H le midi les jours pleins. Voir tableau en dessous :
Le nouveau projet de rythme scolaire en 4 jours par semaine
Extrait du rapport de Conseil municipal de Février 2021 : « Depuis juin 2020, la nouvelle équipe a souhaité prendre le temps de la réflexion et de la concertation avant de prendre une décision définitive. Aussi, afin de recueillir l’avis des Parents sur l’organisation de cette semaine scolaire, une enquête a été réalisée en Novembre 2020. »
Dont voici un extrait :
Cette enquête se base sur un document sommaire, un document complètement orienté, qui apporte le minimum d’information.
Sur 122 recensées, 94 familles ont donné leur réponse, 57 se sont prononcées en faveur du retour à 4 jours et 37 pour un maintien à 4.5 jours.
Ce résultat obtenu est discutable par la méthode employée et le manque de consentement éclairé des parents qui tient sur 10 lignes. Comment peut-on prendre une décision aussi importante pour l’avenir de nos enfants avec aussi peu d’information ? N’y a-t-il pas là un rôle fondamental des élus à fournir tous les éléments aux familles de manière à prendre une décision en toute conscience ?
Il y a aussi des promesses non tenues comme par exemple les temps de garde (7h à 19h).
Le processus a donc été ensuite lancé…
Une concertation a eu lieu avec les équipes pédagogiques afin de déterminer de nouveaux horaires. En date du 19 janvier 2021, la commission Affaires Scolaires, Jeunesse et Solidarités s’est réunie afin d’aborder ce sujet. Elle a donné un avis favorable au projet proposé conjointement par la municipalité et les enseignants. Les représentants des parents d’élèves étaient également présents à cette réunion.
Tout cela a été ratifié de façon express lors d’un conseil d’école exceptionnel le 26 Janvier 2021 dans un petit comité de 10 personnes avec 12 absents en 7 minutes de 16h55 à 17h02. On peut se poser la question de la bienséance de cette séance en termes de quorum et de temps…
En Conseil Municipal lors de la Séance du Jeudi 25 février 2021 a été voté que :
· Les nouveaux horaires proposés pour l’école maternelle soient les suivants :
8h30-11h45 / 13h45-16h30 (ouverture des portes 10 minutes avant chaque rentrée)
· Pour l’élémentaire les horaires sont distingués selon les cycles :
Cycle 1 - CP/ CE2 : 8h45-11h45/ 13h15-16h15
Cycle 2 - CM1/ CM2 : 8h45-12h15/ 13h45 -16h15
Ces nouveaux horaires se sont basés sur les objectifs suivants :
· Réduction du temps de la pause méridienne notamment en élémentaire afin d’améliorer les conditions de détente et d’activités sur cette période quotidienne ;
Car il est évident que c’est en réduisant une pause que l’on améliore les conditions de détente….
· Maintien d’une amplitude horaire de 2 heures pour la pause méridienne afin d’assurer le service de restauration dans de bonnes conditions ;
Chez les maternelles oui mais pas chez les primaires….
· Conserver un battement d’un quart d’heure entre les deux écoles, pour s’adapter aux rythmes des familles ;
Le midi, le battement a disparu entre les maternelles et les cycles 1 et les familles qui ont des enfants en cycle 1 et 2 devront attendre 30 minutes pour récupérer leurs enfants ce qui va raccourcir encore davantage la pause méridienne pour ces enfants…
· Ne pas dépasser les 3h30 d’enseignement par demi-journée (obligatoire)
C’est une obligation légale, donc c’est la moindre des choses mais si on y regarde bien…
· Les APC auront lieu le midi en maternelle et en soirée en élémentaire.
Donc c’est discriminant pour les enfants qui devront travailler plus que le rythme scolaire obligatoire car en cycle 2 les enfants auront 3h30 d’enseignement l’après-midi plus les APC d’une demi-heure ?
· Les nouveaux horaires des accueils périscolaires sont élargis avec une ouverture envisagée à 7h15 et une fermeture à 18h45.
Ce qui ne correspond pas à la promesse de la consultation des familles qui était de 7h à 19h si l’on s’en tient au document de consultation.
· Le temps de goûter aura lieu immédiatement dans chaque école après la sortie des classes durant 30 minutes.
Et pour les enfants qui auront APC : auront-ils un goûter ? Des frais de garderie seront-ils dus pour ces familles alors que les APC font partis du temps scolaire ?
· La Commune souhaite continuer à organiser des activités périscolaires le soir. Une concertation va s’engager dans les prochains mois.
Sans aucune précision à ce sujet. Avec une sortie plus tardive des élèves le soir, il serait difficile, voire impossible, de maintenir les 3/4 d’heures de TAP précédemment organisés. De plus, l‘abandon de la semaine des 4,5 jours entraînerait ipso facto la perte de la subvention de la CAF et de celle de l’Etat pour les TAP. Ce serait donc une nouvelle perte de subventions, dommageables aux finances de la commune.
· Un comité de pilotage réunira toutes les parties prenantes à plusieurs reprises afin d’aboutir à une nouvelle organisation concertée sur la base de ces horaires.
Une décision qui ne priorise pas assez le bien-être des enfants et qui s'annonce davantage en faveur des institutions.
Pour finir, il faut savoir que la décision dérogatoire à la loi de 2013 est prise par le DASEN (le directeur académique des services de l'éducation nationale) et non par la mairie ni le conseil d’école. Et s’il est souhaitable que l’Inspecteur de l’Education Nationale soit consulté pour avis, il n’est pas décisionnaire.
Il faut ajouter à cela la disparition du transport scolaire annoncé dans la consultation des familles.
Pourtant démenti dans le CM du conseil municipal mais qui aujourd’hui n’existe déjà plus.
Sources :
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